Ils atterrirent en Australie seulement trois jours plus tôt, à Margaret River depuis à peine quarante-huit heures et les voilà déjà chaussés et parés pour braver les paysages sauvages qui se présentaient à eux. « Ils », Samara Raines et Adhams Jenssen, un couple aussi soudé qu'électrique. S'étant rencontrés alors qu'ils n'étaient que des adolescents, ils entrèrent ensemble dans la vie adulte sans pourtant faire de réelles concessions sur les habitudes qu'ils prirent au début de leur rencontre. Aussi, il n'était guère étonnant de les voir s'approcher inexorablement de grottes escarpées dans lesquels ils n'avaient jamais mis les pieds et mieux encore, dont ils ne connaissaient strictement rien. Inconscients ou insolents, les faits étaient là : ils fonçaient la tête baissée dans une zone plus que délicate pour les êtres humains.
Cependant, et s'il fallait innocenter au moins l'un des deux protagonistes, nous nous concentreront sur Adhams. En effet, le jeune homme ne savait pas encore en toute exactitude le lieu où le guidait sa petite amie. Cette dernière, refusant de lui dévoiler l'étendue de ses projets pour la journée et n'ayant accepté que de lui fournir quelques indices (les chaussures de marche et les vêtements commodes à porter), menait la marche et ne tournait son visage vers l'écossais que lorsqu'elle avait l'impression que son rythme ralentissait. Acte qu'elle dut effectuer à plusieurs reprises puisque le jeune homme ne faisait de toute évidence pas preuve d'un entrain vertigineux. Traînant des pieds, marmonnant parfois dans sa barbe et fumant comme un pompier (sans mauvais jeu de mots concernant sa profession), il semblait à peine apprécier les paysages qu'ils découvraient au cours de leur marche. Ayant abandonnés leur véhicule sur la route principale et forcés de marcher quelques kilomètres pour atteindre le « lieu » que désirait Sam, le trajet fut assez frustrant et morne. Entre l'une qui voulait à tout prix garder son secret et l'autre qui semblait vouloir d'avantage avancer en marche arrière, la joie n'était définitivement pas au rendez-vous.
Finalement, les arbres touffus qui les entouraient acceptèrent de laisser percevoir au regard d'Adhams le but de cette sortie. Instantanément, il comprit. Une grotte. Il en avait déjà vu de nombreuses en Écosse et parfois s'était-il amusé à s'y risquer avec des amis lorsqu'il mesurait à peine un mètre mais celle-ci n'avait rien à voir. Elle semblait hermétique à toute lumière et la nature sauvage rependue à son entrée ne laissait aucun doute sur sa nature brute interne. Samara, arrivée une minute avant lui, avait déjà trouvé l'un des passages pour y pénétrer mais Adhams s'opposa assez rapidement. Ok il voulait bien suivre Sam au bout du monde malgré l'incroyable trahison (car s'en était bien une) qu'elle lui avait fait subir mais il n'était pas non plus fêlé au point de se laisser convaincre d'entrer dans une grotte lugubre et douteuse. Surtout qu'un panneau lui indiquait qu'elle se nommait « Mammoth », ce qui lui fit penser à des mammouths, ce qui – dans tout imaginaire de grand garçon – fait référence à des bêtes assez hostiles. Croisant le regard de la texane, il hocha la tête après avoir croisé les bras contre son torse. « Pas question. Je ne mettrai pas un orteil dans cette grotte sans savoir si elle a un fond autre que l'antre de la Terre. »
Le plus tragique dans sa réplique, c'est qu'il semblait sérieux. Le visage placide, il soutenait le regard de sa petite amie, visiblement déterminé à lui tenir tête. Ce manque de confiance effarant en elle aurait pu en choquer plus d'un mais certainement pas le couple. Non seulement se traitaient-ils sans prendre réellement de pincettes en temps normal mais après la dispute et le sujet brûlant de la proposition en mariage d'Adhams, les scrupules se faisaient de plus en plus rares. Du moins, venant du jeune homme qui ne semblait pas vouloir démordre de la rancœur qu'il ressentait à l'égard de Samara depuis le jour où elle lui avait dit « non ».

Si Samara était bien capable d’une chose, c’était de rejoindre sa sœur Vitanie à l’autre bout du monde sans se soucier du reste. Evidemment, elle avait obligé Adhams à l’accompagner, que viendrait-elle fait dans ce coin paumé au milieu du désert sans lui. Ce voyage était un moyen qu’elle jugeait parfait pour les rapprocher après le grand moment de froid qu’ils avaient connu. Il fallait avouer que refuser une demande en mariage n’arrange en rien au bond déroulement d’un couple… Comme quoi les Raines n’étaient vraiment pas douées pour gérer un engagement officiel avec l’être aimé. La grande différence entre Vitanie et Samara, c’était que Sam’ ne désirait pas quitter son compagnon, jamais cette idée ne lui était passée par la tête d’ailleurs. Néanmoins le risque de le perdre avait subitement grandit depuis qu’elle avait dit « non ». Le mariage, qu’était-ce réellement ? Ce n’était que de l’argent jeté par la fenêtre. Le seul mariage réussit qu’elle pouvait citer en exemple était celui de ses parents et bien sûr, cela faisait rêver de vieillir avec la personne qu’on aime. Samara ne se sentait tout simplement pas prête, estimant que sa relation avec Adhams n’avait pas besoin d’une telle obligation, malheureusement il ne partageait pas sa vision.

Après avoir discuté un bon moment avec sa sœur, cette dernière avait fini par lui conseiller de chouettes endroits à visiter dans le coin. Margaret River n’était pas ce qu’on pouvait appeler une ville très très active mais dans le fond ce n’était pas ce qui gênait vraiment la jeune femme. Elle n’aurait d’ailleurs aucun mal à se trouver des activités pour s’occuper, sans oublier son intérêt porté sur l’Or. Elle avait entendu parler de cette histoire à son arrivée sur les lieux, immédiatement elle s’était dit qu’elle ne pouvait pas passer à côté. C’était plus pour l’aventure et par curiosité qu’elle avait envie de tenter sa chance que pour se remplir les poches à ne plus pouvoir bouger. Et puis, elle ignorait encore combien de temps elle comptait rester en Australie, autant passer le temps en cultivant la chance de tomber sur une de ces précieuses pépites. Elle n’était pas une américaine et encore moins une Texane pour rien… Finalement au fil de la discussion, Vitanie en était venue à évoquer les grottes. Apparemment il y’en avait plusieurs, et qu’elles étaient intéressantes à visiter mais avec un accompagnateur si possible. Il fallait être un tantinet fou pour vouloir partir en excursion tout seul… Samara l’était donc très certainement puisqu’une idée lui venu rapidement à la suite.

Elle s’était montrée insistante auprès d’Adhams pour qu’il vienne avec elle découvrir un peu les environs. Sans doute aussi curieux qu’elle de voir un peu ce que Margaret River avait à leur offrir, il avait accepté mais sans grand enthousiasme. Même s’ils étaient encore ensemble, les tensions étaient bien présentes et semblaient tenaces, mais Samara l’était aussi, elle ne lâcherait pas l’affaire. Comme à son habitude, elle cultiva le mystère et refusa de dévoiler la destination à son petit-ami. Ce n’était pas nécessaire de demander toutes les minutes où est-ce qu’elle pouvait bien les emmener, Samara savait se taire, même sous la torture. Au bout de plusieurs (et interminables) minutes, ils arrivèrent enfin devant l’entrée d’une des grottes. Samara observa l’ouverture qui était immense et peu rassurante. La plupart des personnes craindraient de s’y rendre, Samara était surexcitée et la curiosité grandissait à vue d’œil. Alors qu’elle sautillait presque, un grand sourire enfantin sur le visage, Adhams refusa d’avancer davantage. « Pas question. Je ne mettrai pas un orteil dans cette grotte sans savoir si elle a un fond autre que l'antre de la Terre. » Samara soupira, agacée et perdit son sourire. Ce n’était pas le moment de tout gâché ! Elle savait très bien que cela n’allait pas être simple mais c’était donc trop lui demander de faire un petit effort ? La jeune femme s’écarta de lui, le toisa en croisant les bras. « Fais pas l’enfant ! T’es un mec non ? Alors prouve-le. » Attaquer son égo n’était peut-être pas la meilleure solution mais Samara refusait de se montrer délicate alors qu’il se montrait ingrat avec elle. Elle roula des yeux et s’approcha dangereusement de la grotte. « Tant pis pour toi » marmonna Samara entre ses dents en marchant d’un pas déterminé jusqu’à l’intérieur de la grotte. Tout comme l’entrée, l’intérieur était gigantesque. Ses pas résonnaient contre les parois, son regard se perdit sur les détails… Puis elle reprit ses esprits. Elle regarda derrière son épaule, il semblait ne pas avoir bougé d’un millimètre. Samara était énervée mais ne perdit pas son objectif de l’esprit. Elle vérifia en quelques coups d’œil s’ils étaient toujours tout seul puis alla se planquer derrière un rocher. Elle déposa d’abord son sac puis retira ses chaussures, ses chaussettes, son short, son haut… et tout le reste. Elle n’était pas sûre à cent pour cent que cela allait fonctionner, mais c’était bien connu, elle n’avait peur de rien. « ADHAMS ! » cria-t-elle soudainement, le son étant porté beaucoup plus haut par les échos. Elle espérait que le ton un peu urgent ferait bouger le jeune homme. Sa tête dépassait du rocher afin de voir s’il venait ou non puis elle entendit des bruits de pas, cela ne pouvait être que lui. Elle prit une profonde inspiration et se dévoila alors petit à petit, la luminosité du lieu laissait à désirer mais il n’aurait aucun mal à comprendre qu’elle ne portait plus rien sur elle. Qui disait qu’elle était prête à tout, sur n’importe quel continent, à n’importe quel endroit ? « Bien...regrettes-tu d’être venu ? » souffla-t-elle sur un ton aguicheur.

Évidemment, Adhams n'avait même pas espéré que sa détermination à ne pas franchir le seuil de cette grotte soit suffisante pour convaincre Samara de renoncer à son projet. De toute façon, elle ne l'écoutait jamais et préférait bien plus suivre son instinct que prendre en considération son avis. Elle était comme ça : intrépide et passionnée et même si cela agaçait au plus au point le jeune homme, il s'y était rapidement fait. C'était aussi pour ce côté de sa personnalité qu'il avait craqué pour elle, même si aujourd'hui, ce côté le faisait craquer nerveusement. Lorsqu'elle osa le provoquer sur sa virilité, Adhams soutint son regard et son visage semblait dire « Pas de ça avec moi, veux-tu ? » Ils étaient à présent tous les deux dans la même position, à se défier en silence et c'était assez difficile de croire qu'il s'agissait d'un couple tellement la dureté de leurs relations et le peu de ménagement qu'ils employaient l'un à l'égard de l'autre étaient forts. Et pourtant, ils étaient fous l'un de l'autre. Adhams était prêt à n'importe quelle folie pour elle … Sauf que cela ne voulait pas forcément dire qu'il aimait s'y ruer la tête la première. Finalement, la jeune femme décida d'abandonner toute tentative pour le convaincre, comprenant probablement qu'il était bien trop ancré sur ses positions, et prit les choses en main.
Dès l'instant où il la vit lever les yeux au ciel, Adhams commença à s'inquiéter. Il connaissait cet air chez elle : lorsqu'elle était agacée, elle n'y allait pas par quatre chemins. Suspicieux, il la vit alors se diriger vers l'entrée et s'y engouffrer sans jeter un seul coup d'œil derrière elle. Il entendit ses pas s'avancer de plus en plus vers l'intérieur mais il ne bougea pas, se contentant de porter les mains sur ses hanches et de fixer l'entrée d'un air réprobateur. Si elle croyait qu'elle allait le forcer à pénétrer dans cette satanée grotte humide et très certainement pleines de crevasses … Buté, l'écossais s'approcha d'une roche située à quelques pas de lui et s'y appuya. De cette place, il avait une vue idéale sur l'entrée de la grotte car il devait reconnaître que malgré lui, l'envie de rester à l'extérieur s'amenuisait de seconde en seconde. Ça ne le rassurait pas de savoir Sam seule à l'intérieur mais l'énervement qu'il ressentait l'empêchait de flancher. Ses jambes s'agitèrent nerveusement tandis que ses yeux ne voyaient plus rien d'autre que le noir de l'entrée. Bon sang dès qu'elle sortirait, il l'engueulerait si fort ! Ou mieux, il ne lui adresserait plus jamais la parole. Réaction puérile ? Sans doute mais est-ce bien plus mature de s'aventurer toute seule dans une grotte inconnue ? Et puis, vint le bruit qu'il redoutait (ou espérait ?). Instantanément, il se redressa mais n'effectua aucun pas. Il connaissait Sam, c'était sans doute une ruse de sa part … Sa tension baissant considérablement mais l'inquiétude ne l'ayant pas intégralement quitté, il prit une profonde inspiration et se décida enfin à entrer dans cette grotte. L'obscurité des lieux le rendait totalement aveugle en comparatif de la clarté du soleil qui brûlait à l'extérieur mais il ne doutait pas de s'y habituer petit à petit. Il s'avança donc d'avantage et suivit le chemin principal. Rapidement, il réussit à percevoir bien mieux l'intérieur et remarqua que c'était un spectacle impressionnant. Pourtant, il n'était pas question pour lui de s'y attarder et au bout de plusieurs pas, il pût distinguer derrière un rocher le minois de sa petite amie. Poussant un soupire de soulagement mais le visage toujours froid, il attendit de voir ce qu'elle allait bien lui sortir comme excuse. En effet, à présent qu'il était sûr qu'elle n'avait rien, il lui en voulait encore plus pour s'être joué de lui. Cependant, quand elle se redressa et se présenta à lui, il dût reconnaître que toute sa rancœur sembla s'être envolée en poussière. Interdit, il la regarda sans bouger avant de hocher la tête et d'enfin décrocher son premier sourire de la journée en entendant ses mots. Samara était dingue et audacieuse, un mélange assez explosif mais bon sang qu'elle était sexy ! Se souvenant de sa supposée colère à son encontre, il fit mine de s'éclaircir la gorge avant de se décider à s'approcher d'elle. Il soutenait son regard et tandis qu'il avançait, il vit les vêtements de la jeune femme abandonnés au sol. Quand il arriva à sa hauteur, il n'hésita pas pour porter une main sur sa hanche dénudée, le visage penché vers le sien mais toujours dur. Bien sûr, une partie de lui restait alerte et était scandalisée qu'elle puisse se dénuder dans un lieu inconnu et qui abritait peut-être des habitants, qui sait, mais évidemment, une partie encore plus grande s'était enflammée à cette vision. La voix se voulant sévère, il dit alors. « Sans tes vêtements, tu vas attraper froid ... » Ses mots sonnaient comme des reproches mais ses yeux s'étaient égarés sur sa silhouette parfaite tandis que ses doigts caressaient sa peau satinée, de sa taille jusqu'à son ventre. Oui, tout ceci était plutôt confus et les guiderait vers une situation plus que délicate mais ce n'était certainement pas Adhams, à cet instant, qui s'en plaindrait.

Samara pouvait être traitée de folle, d’inconsciente, de complètement dérangée ou tout ce que vous voulez mais elle n’avait pas peur de prendre des risques, surtout par amour. Adhams était celui qui avait droit à toutes les folies de sa petite-amie depuis des années mais c’était un peu ainsi qu’ils fonctionnaient. Leur relation s’était basée sur les expériences diverses, Samara était surtout désireuse de ne pas tomber dans la routine mais était-ce possible avec elle ? Et Adhams devait certainement être un minimum aussi déjanté qu’elle pour être prêt à la suivre à chaque fois non ? Même s’il était habitué aux petits jeux de la jeune femme, en revanche elle avait pu noter une certaine différence chez elle, elle était plus inquiète de ce qu’il pouvait penser d’elle. Est-ce qu’elle pouvait le décevoir ? Est-ce qu’elle représentait toujours la fille qu’il avait envie d’aimer ? Est-ce qu’il était toujours prêt à passer sa vie avec elle alors qu’elle l’avait rejeté une première fois ? Autant de questions qui pouvaient facilement lui faire perdre la tête. Elle avait commencé à douter de beaucoup de choses depuis que la tension était palpable entre lui et elle. La peur de le voir s’éloigner parce qu’elle n’avait pas saisi une chance était bel et bien présente et elle était prête à tout pour lui prouver qu’elle n’avait pas l’intention de le laisser partir. Mais le voir toujours aussi réactif à ses folies était un signe suffisant pour la rassurant. Sa peau se mit à brûler lorsqu’elle sentit ses mains se poser sur sa hanche et elle se mordit la lèvre inférieure. « Sans tes vêtements, tu vas attraper froid ... » Il avait dit cela sur un ton plutôt dur à première vue mais cela ne déstabilisa pas plus que cela la jeune texane. Son regard regarda autour d’elle et observa ses vêtements gisant sur le sol. Certes, se dénuder dans une grotte n’était pas une superbe idée mais il ne faisait pas assez froid pour qu’elle se rhabille en revanche. Ses deux mains se posèrent avec tendresse sur chaque côté du visage d’Adhams tandis qu’elle se rapprocha très légèrement de lui. « Je n’ai pas spécialement besoin de mes habits pour me réchauffer tu sais… » Elle arqua un sourcil, un sourire enjoliveur sur le visage. C’était une allumeuse, elle l’assumait entièrement mais c’était aussi son jeu favori qui ne visait que le jeune écossais puisqu’il restait le seul qui pouvait compter. Elle n’agirait pas de cette manière avec un simple inconnu, du moins elle connaissait parfaitement ses limites. Elle n’était peut-être pas le genre de femme qu’on pouvait enchainer facilement, mais elle connaissait la fidélité, et cela restait important à ses yeux. Et elle n’avait sincèrement aucune raison d’aller voir ailleurs. Son visage s’avança encore un peu plus de celui d’Adhams et déposa finalement un baiser sur sa joue alors qu’une de ses mains descendit dans son cou. Elle se détacha de lui, soutenant son regard, observant sa réaction. Elle devait parfois prendre des pincettes avec le jeune homme depuis quelque temps. « … ou bien tu pourrais tout simplement te montrer solidaire avec moi et retirer tes vêtements, qu’en dis-tu ? » Son sourire s’élargit, elle ne tournait jamais autour du pot. Passer pour une perverse n’était plus tellement un problème, elle disait seulement ce qu’elle pensait et depuis quand y’avait-il une vraie gêne entre eux deux ? Un rire amusé s’échappa de ses lèvres et elle se défit de l’emprise d’Adhams en s’éloignant avec prudence. Elle se cacha derrière un rocher et regarda autour d’elle. La grotte était magnifique bien que peu rassurante en y réfléchissant bien. Elle était toujours très admirative face à ce genre de décor naturel, elle commençait à comprendre pourquoi Vitanie s’était exilée dans ce trou perdu. Au moins ils ne pouvaient pas avoir peur d’être dérangés…c’était tellement grand et pas énormément peuplé.

Son regard se reporta sur Adhams, le visage moins expressif. Elle lui avait plusieurs fois dit que ce voyage leur ferait du bien et qu’elle avait réellement envie de voir sa sœur. Il n’avait pas posé de question, sachant pertinemment que la famille chez les Raines c’était sacré et qu’il savait qu’elle était très proche de Vitanie. Si elle s’était amusée à rajouter qu’elle espérait que cela les rapprocherait, elle aurait craint sa réaction. Malgré les quelques disputes qu’ils avaient sur le sujet sensible, ils n’en avaient jamais vraiment reparlé de manière à arranger les choses. Samara ne tenait pas à ce que des choses qu’ils ne pensaient pas sortent ou tout simplement, l’idée même de se prendre la tête avec cette histoire était à éviter. Pourtant, elle était consciente qu’un jour ou l’autre, cela allait revenir sur le tapis. Elle craignait les conséquences d’une énième dispute mais elle était assez déterminée pour faire que ce séjour en Australie les lie plus qu’ils ne l’étaient déjà. « Une chance que tu m’aies rejoint, je me serais sentie un peu bête à attendre toute nue dans l’obscurité et la froideur de cette grotte. Qu’est-ce que je ferais sans toi… » Elle leva les yeux au ciel et haussa les épaules mais sous cet air détaché qu’elle montrait cachait en vérité un sous-entendu. Elle n’était déjà pas douée pour gérer les relations amoureuses et les sentiments, alors forcément, elle n’était pas certaine qu’il comprenne ce qu’elle voulait dire… Sans parler que c'était un homme, et là c'était encore plus compliqué pour faire passer un message.

Adhams avait baissé ses yeux sur sa propre main qui flirtait toujours avec la peau de Samara mais il redressa doucement son regard vers son visage lorsqu'elle lui répondit. C'était tout de même dingue cette façon qu'il avait d'être toujours aussi vivement et irrémédiablement attiré par elle. Son visage, son corps, son allure, son odeur … Tout en elle l'attirait et ce, depuis des années à présent. C'était d'ailleurs cette attraction particulière qui l'avait convaincu, quelques semaines plus tôt, qu'elle était la femme de sa vie. Il l'aimait véritablement, ne pouvait s'imaginer sans elle. C'était aussi à cause de cette raison qu'il avait eu autant de mal face au rejet de Samara : il voulait pouvoir déclarer fièrement qu'elle était sa femme, qu'ils s'étaient engagés l'un envers l'autre en bravant n'importe quel obstacle. Malheureusement, Samara n'avait pas voulu le suivre dans cet engagement, le laissant sur une frustration totale. A cet instant, cependant, il avait réussi à mettre de côté sa rancœur et se laissa bercer par le jeu de séduction dans lequel venait de l'entraîner la texane. Elle était douée pour cela et Adhams allait sans doute regretter de se laisser à chaque fois avoir par ce manège mais la tentation était bien trop forte pour vouloir la combattre. Céder était largement plus agréable, de toute façon. Il soutint donc son regard lorsqu'elle lui appris qu'elle n'avait guère besoin de vêtement pour se tenir chaud. Il n'eut pas besoin d'un schéma pour comprendre où elle voulait en venir mais tandis qu'il aurait espéré une démonstration immédiate de sa méthode de « réchauffement », il n'eut le droit qu'à un chaste baiser sur la joue. Même ses paroles plus qu'engageantes ne réussirent pas à chasser entièrement ce qui venait de glisser entre ses doigts. Il réussit cependant à porter sur elle un regard intrigué, presque tenté par sa proposition. Se déshabiller à son tour, ici et maintenant ? Son visage s'illuminant à cette idée, il fut une nouvelle fois tenu en désillusion par la jeune femme. En effet, aussi directement lui avait-elle suggérer des idées folles se sauva-t-elle, l'abandonnant presque. L'écossais eut même un mouvement pour essayer de la rattraper mais elle lui échappait déjà et rejoignait un rocher qui la camouflait entièrement à sa vue. Agacé par ce nouvel événement inattendu alors que son désir pour elle le brûlait de plus en plus, Adhams finit par pousser un soupire et fut tenté par l'idée de la suivre dans son jeu. Silencieusement alors, il retira sa casquette qu'il jeta au sol, faisant s'envoler un petit amas de poussière et déboutonna sa chemise qu'il finit par laisser tomber à son tour. Il aurait clairement pu défaire sa ceinture et retirer son pantalon mais il ne voulait pas s'avouer totalement vaincue par la jeune femme. Elle lui avait sous-entendu qu'il ferait bien de se mettre à nu à son tour et bien que l'idée lui donnait terriblement envie, il n'avait pas suffisamment abandonné sa fierté pour ne pas vouloir lutter un peu plus. Se défaire de la moitié de ses vêtements lui semblait donc un assez bon compromis.
Tout aussi discrètement, il s'approcha donc du rocher derrière lequel il avait vu Sam disparaître, souhaitant la surprendre. Cependant, il fut arrêter dans son déplacement par les quelques mots qu'elle rajouta et qui le titillèrent d'une façon particulière mais qu'il n'aurait su très bien déterminer. Elle venait de lui souligner une fois de plus son importance dans sa vie et cela aurait du l'enchanter. Malheureusement, au contraire, il se sentit étrangement désenchanté. Immédiatement, ce fut la scène du fameux pique-nique au Texas qui lui revint à l'esprit et la façon dont elle avait décliné sa demande en mariage. Drôle de façon de lui assurer qu'il était primordial à sa vie. Refusant alors de faire un pas de plus, il s'appuya de dos contre le rocher derrière lequel devait encore probablement se trouver sa petite amie et croisa les bras contre son torse nu, retrouvant l'air distant et pensif qui était devenu quasiment sa seconde nature depuis ce fameux jour. Il savait qu'il n'arriverait pas à faire changer d'avis Sam et ce n'était même pas son but : ce qu'il voulait, c'était la garantie qu'elle tenait à lui autant qu'il l'aimait et il ne voyait pas comment cela pouvait passer par autre chose qu'un mariage. Sans doute était-il encore traumatisé par l'exemple de sa mère et de son échec sentimental. « Tu te débrouillerais. Tu es Samara Raines, tu aurais trouvé un moyen de briller par tes propres moyens. » Son ton n'avait pas était agressif, plutôt bref et dénué d'intonation, comme s'il venait de faire un simple constat mais un constat qui ne l'enjouait pas vraiment. Bien entendu, il était fier d'elle et l'admirait pour sa détermination et sa force mais il ne pouvait s'empêcher de croire qu'un jour ou l'autre, elle finirait par le quitter lorsqu'elle aura envie de voir si l'herbe n'est pas plus verte chez le voisin. Au sens propre.

Encore une fois elle avait dit une chose qui ne fallait pas. Elle ne supportait pas ce genre de situation. Spontanée, c’est tout à fait naturellement qu’elle dit ce qu’elle pense, ce qui lui traverse l’esprit. Prendre des pincettes, elle ne sait pas. Adhams était habitué à cette facette de la personnalité de Samara, en revanche cette dernière ne l’était pas face au nouveau Adhams.

« Tu te débrouillerais. Tu es Samara Raines, tu aurais trouvé un moyen de briller par tes propres moyens. » Elle soupira, lassée d’entendre ce genre de remarques. Elle resta quelques secondes à le regarder, contenant la colère qu’elle sentait monter progressivement en elle. Impulsive, tenir sans rien dire était une véritable torture pour elle. Elle ne pouvait pas se contenter de faire comme si elle n’avait rien entendu. Elle n’aimait pas garder des choses pour elle, sachant pertinemment qu’un jour, tout exploserait et ce ne serait pas beau à voir. Elle passa une main dans ses cheveux, dans l’espoir de se calmer un peu mais cet effort ne servit à rien. Elle reporta de nouveau son attention sur l’écossais qui ne la regardait même pas. « Arrête de me mettre sur un piédestal Adhams ! Je suis comme les autres. J’ai moi aussi mes forces tout comme mes faiblesses. Mes envies, mes rêves…mes craintes. » Elle marqua une pause. « Je n’suis pas Wonderwoman. » Elle resta un bref instant silencieux, perdue dans ses pensées. Ils se disputaient souvent, mais ce n’était jamais très sérieux. Souvent, il ne s’agissait que de petites broutilles et aussitôt, ils revenaient l’un vers l’autre, faisant abstraction de ce qu’une minute plus tôt les avait énervés. Mais depuis un certain temps, c’était différent, Samara l’avait remarqué. Et c’était déstabilisant pour elle, elle n’aimait déjà pas s’emporter avec lui ou une quelconque personne à qui elle tenait, maintenant c’était devenu presque un élément quotidien dans leur vie de couple. Une sorte de grognement finit par sortir de la bouche de la jeune texane, les traits de son visage durcirent. « Tu sais quoi ? T’es qu’une tête de mule ! Tu m’agaces Adhams ! Ouais c’est ça, tu m’énerves réellement là ! » Sans attendre d’avoir terminé ses paroles, elle se baissa et attrapa ses affaires. Elle remit rapidement ses sous-vêtements et enfila son short, manquant de trébucher à plusieurs reprises. Elle tenait fermement entre ses bras son haut qu’elle n’avait pas encore remis, ce qui ne l’empêcha pas de sortir de sa petite cachette pour approcher un peu plus de la sortie. Elle continuait à pester mais entre ses dents puis se retourna brusquement vers Adhams. « Tu vas me le reprocher combien de temps encore hein ? Tu crois que j’ai refusé de t’épouser juste parce que je ne suis dit « Oh tiens, si j'allais embêter ce bon vieux Adhams et lui dire d'aller se faire voir avec sa bague ? » c'est ça ? Que je ne suis qu’une sadique qui prend un malin plaisir à te faire du mal et à jouer avec les sentiments ? » Son ton s’était élevé au fil des mots qui sortaient de sa bouche. C’était un ras-le-bol général qu’elle la poussait à être ainsi. Elle qui s’efforçait toujours à garder un certain sang froid et un contrôle parfait de sa personne, c’était donc rare de la voir s’emporter de cette manière, surtout face à Adhams. Elle avait tenté d’apaiser les tensions qui continuaient de régner entre eux en les poussant à se rapprocher mais rien n’avait fonctionné comme elle l’avait désiré, elle n’était pas du genre à supplier pour avoir ce qu’elle voulait. Il avait passé sa chance, elle n’allait pas lui baiser les pieds non plus.

« J’me casse ! » cracha-t-elle sur un ton mauvais et arrogant. Elle sortit de la grotte, toujours son débardeur entre ses doigts tremblants, marchant en suivant le sentier tout tracé. Son cœur battait contre sa poitrine, elle voyait rouge mais son attention dévia lorsqu’un branchage lui égratigna la peau. « Et merde ! » pesta-t-elle une fois de plus puis elle prit une profonde inspiration. Une fine lignée de sang fit presque le tour de sa cheville mais ne préféra pas toucher, ses mains ne devaient pas être parfaitement propre et s’infecter n’était pas son envie première. Au final, elle se laissa aller contre un rocher, posant ses fesses dessus et ses mains rejoignirent ses yeux. Elle se rendit compte alors qu’à cause de la colère et certainement à cause de bien d’autres choses, des larmes s’étaient frayées un chemin sur sa joue. Elle renifla, essuyant ses yeux de plus en plus humides. Elle avait horreur d’être comme ça et refusait que quiconque puisse l’observer ainsi, pas même Adhams…surtout pas lui en réalité. Se calmant doucement, elle regarda de nouveau sa cheville où la blessure commençait à lui picoter la peau. Il faisait tellement chaud qu’elle pourrait cramer sur place et en profita pour remettre son débardeur. Elle était stupide, elle n’avait pas pensé à prendre le sac en partant si précipitamment, elle aurait au moins eu de quoi soulager la douleur et nettoyer la plaie. Il était hors de question qu’elle rebrousse chemin et qu’elle retourne dans la grotte où se trouvait son petit-ami. En repensant en lui, elle se remit à cracher des reproches, c’était soudainement plus facile de jouer la mauvaise tête plutôt que la fille touchée et vulnérable. « … s’il croit que je vais me reprocher quoique ce soit, il se met le doigt dans l’œil. Pff, c’est bien un mec, trop stupide pour comprendre une femme… » Elle se mordit la lèvre inférieure en posant son doigt non loin des gouttes de sang qui perlaient sur sa cheville, lâchant un bref « aie » avant de reprendre de plus belle. « … qu'il retourne d'où il vient s'il n'est pas content ! » Ses pensées divaguaient autant que les paroles qu'elle prononçait. Soudainement elle s’arrêta et leva la tête vers un bruit qui venait de la surprendre.