Daily Meeting | PV Demetra

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Demetra Wheaster & Gabriel Blythe
"Il faut toujours viser la Lune car, en cas d'échec, on attérit quand même dans les étoiles."

Lui-même, Chucky et sa motocyclette. Ce sont les trois choses qui comptent réellement dans la vie de Gabriel. Ce jeune homme, aux origines bourgeoises mais aux manies populaires est un contraste à lui tout seul. Il est né avec une cuillère en argent coincée entre les dents qu'il a préféré avaler dès son plus jeune âge et entrer dans l'arène. Ses parents étaient consternés, lui, heureux. Il ne s'est jamais senti aussi vivant que lorsqu'il a quitté le domicile parental aux alentours de 16-17 ans. C'est jeune, il n'avait aucun diplôme en poche mais il est heureusement très débrouillard. Blythe était un garçon très populaire au lycée. Attaché à l'équipe de basket, adulé par les filles, réclamé par ses professeurs qui le trouvaient très brillant, il avait tout, absolument tout pour avoir une vie de rêve. Croyez-le ou non, il a opté pour la seconde solution, celle de partir à l'aventure avec son sac à dos, sa ruse et sa belle gueule. On ne peut pas dire qu'il a eu du mal à s'intégrer puisqu'il a commencé par faire le tour des États-Unis, son pays d'origine. Il a enchaîné les petits boulots, les petits villages, les grandes villes, les conquêtes d'un soir, les femmes riches qu'il faisait chanter pour arrondir les fins de mois... Le petit bourgeois trouva même le moyen de survivre en combattant sur un ring, talent qu'il s'est découvert au détour d'une rue sombre, un soir, à New-York. Il est un enfant oublié de l'Histoire, abandonné par ses pères, créés à l'image de Dieu. C'est peut-être pour cette raison qu'il ne croit pas en Dieu mais il lui arrive souvent de prier. Qui ? Quoi ? Il n'en sait absolument rien. Gabriel a fini par atterrir en Australie à la suite d'un joli match de boxe qu'il a remporté en tuant son adversaire. Étant payé pour se coucher à la troisième reprise, il a préféré frapper la tempe de son adversaire d'un crochet du droit surpuissant. Suite à cela, il s'est dépêché de quitter le pays pour de nouveaux horizons, de nouvelles opportunités, l'Australie. Blythe s'intégra parfaitement dans son nouveau pays jusqu'à ce qu'il découvre la présence d'or à Margaret River, ville voisine de Perth, son ancien lieu de résidence. Ici, tout se passe bien pour lui, il ne combat plus trop, se contente de quelques petites arnaques pour vivre, il bosse de temps en temps dans un bar dansant à Perth mais, de toute façon, il n'est pas du genre à beaucoup dépenser.

En ce moment, il se balladait, sortant Chucky, son magnifique Golden Retriever qu'il a récupéré à Sydney en sortant de l'avion. Ce pauvre chien, abandonné et blessé à la patte a eu raison des faiblesses de Gabriel, il a craqué. Depuis, Chuck' est soigné et a grandi, il s'est habitué à son nouveau maître et lui obéit au doigt et à l'œil. Depuis qu'il est ici, Gabriel a rencontré très peu de monde et à vrai dire, il n'a pas réellement envie d'en rencontrer. Ils ont tous l'air d'avoir une bonne mentalité mais il ne veut pas s'attacher à quelqu'un pour ensuite le ou la faire souffrir, ce serait ridicule. Blythe n'a jamais eu beaucoup d'amis et si l'on compte bien, il n'en a réellement jamais eu un seul. Tous ses contacts sont de passage, il arrive, il défait ses valises et repart le mois d'après, il est impossible de construire une relation stable avec le beau blond, que ce soit amicale ou sentimentale. Il a bien rencontré Miss Raines, la jolie garagiste ou l'Inspecteur Austen, chargée de la sécurité dans cette petite ville. Sa préférée reste néanmoins Demetra Wheaster, une charmante blondinette qui promène son chien aux mêmes heures que lui. Ils ne se sont jamais donné rendez-vous, ils ne savent rien l'un sur l'autre, ils se contentent de s'observer et de parler de choses et d'autres. Au début, le sujet principal, c'était les chiens. Maintenant, ils commencent peu à peu à entrer dans leur vie privée mais sans aucune indiscrétion ni obligation, tout se fait naturellement. Gabriel sent les choses et à travers les paroles de Demetra, il sent qu'elle n'a pas eu un passé facile, il sent cette cicatrice qu'elle a sur le cœur, il sent aussi qu'elle porte un intérêt particulier sur lui mais il est incapable de dire lequel, cela, il le ressent au regard qu'elle pose sur son visage à chaque fois qu'il sourit, qu'il sort une petite blague ou qu'il redevient sérieux. Aujourd'hui, Gabriel a décidé de sortir son chien aux abords de la rivière pour changer un peu. Ce n'est pas qu'il veuille éviter Demetra, c'est simplement pour visiter un peu les endroits qui lui sont encore inconnus. Cette ville, mis à part l'or, regorge de richesses naturelles, il est un adorateur de la Nature bien qu'anti-écolos et vivre ici, c'est un rêve qui devient réalité.

Gabriel marchait le long du bras de rivière, il s'amusait de temps en temps à lancer un bâton à Chucky pour qu'il aille le chercher et lui ramener. Un rituel maintenant qu'il habite ici. C'est en se penchant pour récupérer le bâton qu'il aperçut une silhouette étrangement familière. Il était précisément 18h à sa montre et non, ce n'était pas une vision. Un chien venait lui réclamer le bâton, Chucky était en train de sentir un tronc d'arbre et c'est un beau Husky qui vint tendre sa langue en attente de caresse. Un husky qu'il connait très bien, du nom de Léo. Inutile de faire durer le suspense, il n'eut qu'à relever les yeux pour apercevoir une tignasse blonde sortir de derrière un arbre, suivant son chien des yeux, Demetra Wheaster. Comprenant alors qu'elle avait elle aussi changé son train-train habituel pour se balader le long de la rivière, il sourit et lui lança ces quelques mots :

- Délaisseriez-vous votre chemin habituel pour ne pas croiser cet imbécile d'américain ?

Vous l'aurez deviné, il parle de lui-même. Bien entendu, ils ont passé le stade du vouvoiement puisqu'ils sont encore assez jeunes pour pouvoir se tutoyer sans aucune ambiguïté. Il faut croire qu'ils n'arriveront jamais à sortir leur chien dans un endroit différent. Léo et Chucky se mirent à se tourner autour, comme à chaque fois, ils se sentent le derrière, à croire que les chiens sont aussi cons que les êtres humains. Gabriel observa Demetra qui s'approchait doucement mais sûrement de lui. Ils ne sont pas assez intimes pour se faire la bise et le seront probablement jamais. Les histoires d'amour qui commencent par une rencontre canine, ça n'existe que dans les films. Blythe la devança tout de même et lui posa la question que tout le monde attendait :

- Comment vas-tu ? Il commence à la cerner un peu et il saura deviner quand il deviendra un obstacle pour elle. Gabriel est un dingue mais il respecte les gens et leur intimité. S'il voit qu'il l'importune, il saura disparaître et ne plus jamais revenir. Pour l'instant, ça n'a pas l'air d'être le cas, prions pour que ça reste ainsi. Gabriel sait qu'elle bosse dans le milieu scolaire, dans une maternelle pour être plus précis et il sait que les journées à diriger des dizaines de gamins sont particulièrement pesantes. Elle avait les traits tirés. - Journée fatigante ? Tu préfères finir seule ?

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by angelamaria - sky_magenta

somewhere over the rainbow

Une matinée comme les autres. Ensoleillée, chaude et agréable. Margaret River changeait vraiment de New York et de sa pollution. Ici, la nature trônait sur tout le reste, et les habitants avaient l'air d'en prendre soin. Le soleil s'était levé sur la petite ville depuis déjà une bonne heure, et Demetra était dans sa salle de bain, prête à partir. Une lève tôt ? Non, pas forcément. Mais il fallait avouer que ses cauchemars intempestifs l'empêchaient très régulièrement de passer une paisible nuit. La demoiselle n'avait pas cours avant neuf heures, ce qui lui permit de sortir son chien un petit moment avant de partir. La ville s'animait doucement, donnant une impression de vacances, ce qui fit sourire la jeune femme, apaisée. Un léger vent chaud faisait voltiger ses cheveux détachés, un frisson parcouru tout le long de son dos avant que celle-ci inspire profondément. Une journée chargée s'annonçait, et pas question de montrer sa fatigue à ses collègues. Ce serait une raison de plus de parler d'elle derrière son dos. Apparemment, les gens d'ici n'appréciaient pas particulièrement les nouveaux venus. Pourtant, Demetra était loin d'être une chercheuse d'or. Elle était simplement venue trouver la paix, changer de vie, recommencer à zéro... Malheureusement pour elle, ce nouveau départ n'effaça pas son passé douloureux. Logan lui manquait toujours. Moins, grâce au temps qui passait, mais elle sentait un vide dans son coeur qu'elle aurait certainement jusqu'à sa mort. De plus, Becky aussi. Même si elle lui téléphonait régulièrement, c'était sa meilleure amie. Et une meilleure amie doit être à vos côtés pour servir à quelque chose. Bon, elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même après tout, elle avait tout essayé pour que Demetra reste, et elle n'avait rien voulu entendre. Tant pis. Il fallait qu'elle tienne le coup, c'était le début. Tout irait certainement de mieux en mieux par la suite, il fallait être positive. Sa promenade matinale lui fit du bien, mais maintenant il fallait aller au boulot. Cette petite boule au ventre qui vous suggère gentiment de rentrer était à nouveau présente. Mais Demetra n'était pas du genre à abandonner. Elle claqua la porte derrière elle et se dépêcha de partir avant d'être tentée d'aller se recoucher.

Comme elle l'avait imaginé, sa journée fût épuisante, gonflante, pesante. Elle adorait les enfants, mais regrettait amèrement d'être une nouvelle. Ils sont loin d'être démunis d'intelligence, et comprennent vite qu'ils peuvent la tester jusqu'à ce qu'elle craque. Heureusement pour elle, ils l'aimaient bien, c'était un bon début. A la sortie de son travail, la jeune femme fit un saut à la boulangerie, prendre quelques sucreries de quoi se consoler quelque peu. Du chocolat, du sucre, du chimique, rien de mieux pour retrouver le sourire. Une fois ceci fait, la belle ne traina pas pour rentrer dans le motel. Sa chambre était plutôt spacieuse, quoiqu'un peu chère pour ce que c'était. Mais ça lui convenait, elle n'allait pas se permettre de râler, après tout, c'était son désir.
La blondinette s'assit sur son lit et regarda au loin par la fenêtre, plongeant dans ses songes. Elle n'avait guère envie de rester enfermée alors que le temps était encore bon. Dix sept heures trente. Parfait. Une promenade s'annonçait, comme tout les soirs. De plus, Léo semblait avoir réellement envie de faire ses besoins. Une raison de plus pour ne pas tarder ! Une fois le jogging enfilé, la laisse attachée et les bonbons engloutis, la belle quitta son domicile en trottinant. Peut-être allait-elle croiser ce cher Gabriel ? Un petit moment de parlotte avec cet homme lui ferait certainement un bien fou. De quoi oublier cette journée et décompresser. C'était quelqu'un de tout-à-fait charmant. Peut-être un peu trop. Parfois elle se surprenait à se souvenir de Logan et mettre son visage à la place. Une rencontre troublante, mais qu'elle ne regrettait certainement pas.

Pressé, Léo s'acharnait sur la laisse pour accélérer le pas, tandis que sa maîtresse avait la tête dans les nuages, ne prenant même pas la peine de regarder où elle marchait. Son chien connaissait le chemin, alors pourquoi ne pas en profiter pour se laisse complétement aller, ses pieds sauront continuer sans sa tête, juste quelques instant -au moins-.
Un aboiement la fit sortir de ses rêves et revenir à la réalité. Ses pieds se stoppèrent d'un trait et la belle remarqua bien vite que son chien ne l'avait non pas emmenée sur la plage, mais à la rivière. D'ailleurs, elle n'avait jamais pris le temps de visiter cet endroit qui semblait de plus en plus beau à chaque pas. Léo était excité comme une puce, allez savoir pourquoi. Ayant peur de perdre son bras, Demetra finit par enlever sa laisse et le laissa gambader. Le voir courir de cette manière, libre, heureux, la fit sourire. La vie d'un chien semblait tellement plus facile, plus évidente que celle d'un humain. « Tu sais que tu as une sacrée chance Léo. Profite bien, et prends ton temps surtout, ne te presse pas pour trouver une petite Léa. Le bonheur est éphémère. » La voilà qu'elle parlait toute seule. Une vieille manie qui pourrait certainement lui faire mauvaise impression, un jour ou l'autre. Mais pour elle, Léo était comme quelqu'un de sa famille, un ami qui savait écouter, sans l'interrompre et ne râlait presque jamais. Désespérée vous dîtes ? Non, juste réaliste. Il n'y avait qu'à regarder autour de vous. Les humains se déchirent, se font du mal, et aiment ça parfois. Une chose incompréhensible qui écœurait la jeune femme... Demetra n'eut pas plus le temps de démontrer ce point de vue qu'une voix familière vint jusqu'à ses oreilles. Léo était à une centaine de mettre plus loin, et elle n'avait rien vu. Gabriel se tenait devant elle, accompagné des deux chiens complétement fous. Il fallait qu'elle arrête d'être ainsi dans les nuages, elle finirait par foncer dans un arbre ou même d'oublier de rentrer chez elle. Un sourire s'esquissa rapidement sur son fin visage, avant qu'elle ne remette une mèche de cheveux derrière ses oreilles. « Je pourrais vous retourner la question. » Répondit-elle avec une moue mutine. La demoiselle s'approcha gentiment de lui et des chiens, avant de caresser affectueusement l'un deux. La journée allait se finir bien finalement. Sa petite promenade habituelle allait se terminer avec Gabriel. Elle serait quitte de se tromper de chemin, par la même occasion. Et puis, il était agréable de parler de tout et de rien avec quelqu'un sans ambiguïté, sans obligation de politesse, sans tabou. Une discussion ouverte, quelques plaisanteries pour la faire sourire, rien de mieux pour se coucher de bonne humeur. « ...Je vais relativement bien. Si on oublie les mauvaises nuits passées et le travail... Tu savais que les enfants peuvent parfois être plus insupportables que les adultes ? Enfin, j'exagère peut-être un petit peu... Quoiqu'il en soit, je crois que je vais devoir me battre pour me faire une place. Et il est hors de question que je finisse la route seule, mon cher. » Elle agrandit son sourire tout en reprenant la route, faisant attention d'être au même rythme de son ami. Après avoir furtivement regardé les lieux, la belle posa son regard sur celui-ci puis continua d'une voix détachée et amusée. « Et puis, c'est certainement juste une question d'habitude...Une fois que j'aurai pris le rythme, tout ira mieux... Et toi, bonne journée ? »

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Gabriel fait partie de ce genre de personnes qui, quoi qu'il arrive, gardent la forme, gardent le sourire et essaie de le donner aux gens qui les entourent. Il ne sait pas encore que Demetra a perdu son petit ami aux États-Unis à la suite d'une cancer mais elle ne tardera certainement pas à le lui dire. Il reste dans l'ignorance de ce point de vue là mais il n'est pas dupe et il voit très bien qu'il lui est arrivé quelque chose récemment, il sent qu'elle n'est pas au mieux et à regarder la beauté de la jolie blonde, il se doute que c'est d'ordre sentimental, sinon, elle baladerait son chien avec son mari ou son fiancé, voire même son amant. Il n'a pas envie de lui poser la question, de la mettre dans l'embarras, il a juste un but, lui donner le sourire et lui faire partager le sien. Gabriel Blythe est un boxeur, un escroc, un pourri, un tout-ce-que-vous-voulez mais jamais ô grand jamais il n'osera faire de mal à une créature féminine car si la Terre tourne, c'est grâce à elles et si un jour, elle s'arrête de tourner ou qu'elle explose, il est évident que ce sera de la faute des hommes, encore et toujours. On parle de race, on parle de couleur de peau mais le pire racisme, c'est celui qui consiste à penser qu'une femme est inférieure à un homme. Sans nous, elles ne feraient pas grand chose mais sans elles, nous, on existerait même pas. Où est la logique de penser à cela quand on est un homme ? Ne vous ais-je pas déjà dit qu'il n'y avait aucune logique chez Gabriel ? Il se le cache, il essaie de ne pas y penser mais depuis qu'il a rencontré Demetra, elle lui rappelle elle-aussi une aventure passée, une femme qui a plus que compté dans sa vie, on peut même dire que c'était la femme de sa vie et qu'il ne pensait pas que quelqu'un puisse l'égaler ou la sublimer. Il s'avère que si puisque Demetra Wheaster est le portrait craché de sa mère, Maria, avec quelques décennies de moins. Si Gabriel aime la gente féminine et déteste le mode de pensée des hommes, c'est sûrement dû à son éducation et à sa paternité plus que déshonorante. Tyler Blythe était un monstre et il doit toujours l'être à l'heure qu'il est. Comment tromper la plus jolie et plus intelligente femme du Monde quand on a la chance de s'être fait accepter par elle ? Il n'a jamais compris et ne comprendra probablement jamais.

Maintenant, on peut presque dire qu'il se retrouve face à une nouvelle mère à chaque fois qu'il vient promener son chien. Gabriel avait l'habitude de remonter le moral de Maria et quand il croise Demetra à la sortie du travail, il a l'impression d'employer les mêmes mots, d'avoir les mêmes mimiques pour la faire sourire. Pour éviter les confusions, il est utile de rajouter que sa mère est, de son point de vue, une femme parfaite. Donc, la comparaison n'est autre qu'un compliment caché qu'il ne lui avouera jamais. Avez-vous déjà dit à une femme qu'elle ressemblait à votre mère ? Si oui, vous savez alors pourquoi il va garder cette petite comparaison bien enfouie dans son crâne. Si non, essayez. Leur petit jeu de vouvoiement est une bonne introduction, c'est un bon début qui annonce un plus beau final. A chaque fois, ils parlent de tout et de rien mais ce qui fait la différence par rapport aux autres conversations qu'ils peuvent avoir avec d'autres personnes, c'est qu'ils parlent avec leur cœur. Gabriel ne s'est jamais ouvert à quelqu'un depuis qu'il a quitté le domicile familial, depuis plus de 10 ans. Demetra, c'est la seule femme qui a le droit d'entendre ce qu'il peut vraiment être au fond de lui, ses envies, ses rêves... Gabriel est quelqu'un qu'on caractérise comme étant un "sale con". C'est celui qui vous sourit par devant et qui vous poignarde par derrière, celui qui ne pense qu'à foutre la merde et qui règle les conflits au poing. Voilà ce qu'il est en apparence. Maintenant, au fond de lui, il a 30 ans, une belle gueule, il est intelligent et très malin et ce qu'il désire, c'est se poser, trouver un job qui l'enchante et une femme qui lui donnerait des enfants, voilà son vrai rêve. Ce n'est pas une surprise, c'est ce que chaque homme de 30 ans pourrait vouloir ou avoir mais lui, c'est différent, il ne le montre pas. Si pour elle, leur rencontre quotidienne lui donne le droit de souffler, de rire et de penser à son petit-ami décédé avec le sourire, pour lui, ça lui permet de se vider, de retirer cette rage qu'il a en lui et de la transformer en douceur. Blythe entendit la première réponse qu'elle lui offrit et elle réussit à lui soutirer un léger sourire avant qu'il ne lui renvoie : - Il faut croire que Chucky rechigne à s'ensabler les pattes...

Gabriel ne sait pas si c'est la vérité. C'est lui qui ne voulait pas aller au bord de la plage mais cette décision n'avait rien à voir avec le fait de ne plus vouloir rencontrer Wheaster. C'est une femme qu'il respecte et comme c'est devenu une habitude de la croiser et de finir la ballade ensemble sachant qu'ils logent tous les deux dans un motel voisin, il attend ce rendez-vous chaque soir avec impatience. La question fatidique du "comment vas-tu ?", c'est une habitude aussi, voire plus une manie. Quand on pose cette question, c'est plus par politesse que par attente de réponse mais Demetra choisit tout de même d'y répondre et pas qu'un peu. Lorsqu'elle mentionna les mauvaises nuits, il fut conforter dans son idée que quelque chose de terrible s'était passé dans sa vie. Il se doute bien que ce n'est pas Léo qui l'empêche de dormir. La jolie blonde finit sur une belle note, elle ne voulait pas terminer sa route seule. Il se sentit obligé de sourire, cela lui vint naturellement, peut-être par habitude aussi. Son accent, l'intonation qu'elle met dans les mots qu'elle prononce, il ne sait pas vraiment ce qui le fait sourire mais il le fait. - Les enfants représentent l'innocence de l'âme, dis-toi que t'étais à leur place il y a de ça 20 ans et que t'étais pire que certains... Les gosses savent qu'ils sont supérieurs à l'adulte et ils en profitent ! On s'acharne à leur apprendre des futilités mais au final, c'est eux qui nous enseignent la vie et c'est aussi eux qui nous font se sentir adultes. Gabriel raffole de ce genre de phrases philosophiques qu'il sort de son âme. Il ne les apprend pas, il ne les cherche pas, elles viennent à l'inspiration, à l'instinct, surgissent de nulle part et illustrent ses propos. Il avait aussi retenu le fait qu'elle devrait se battre pour se faire une place. C'est vrai qu'avec tous ces chercheurs d'or qui débarquent dans la vallée pour dépouiller les habitants, c'est pas évident de se faire une place et de certifier qu'on est là pour une cause noble. C'est le cas de Demetra mais ce n'est pas celui de Gabriel. Il n'est pas venu pour enseigner son savoir ni pour promener son chien le long d'une magnifique rivière, non, il est venu pour s'enrichir. Y a-t-il un mal à cela ?

- Bonne, non. Pesante, oui. Margaret River est une jolie ville mais quand je ne bosse pas, j'ai pour sale habitude de m'emmerder au plus haut point. Pas de match de hockey ni de basket, peu de boutiques ouvertes, rien à la télévision. Ils ne jurent tous que par la nature qui entoure la ville. Elle est rare et unique, c'est vrai, mais on en fait vite le tour. Gabriel est quelqu'un qui doit bouger. Quand il ne bosse pas dans son bar à Perth, quand il n'est pas sur un ring, quand il n'essaie pas d'embobiner un pauvre commerçant, quand il ne drague pas une jolie demoiselle en plein centre-ville, il faut quand même qu'il bouge. Il est hors de question qu'il passe la journée assis devant un ordinateur ou sur un canapé. Quand il n'a rien à faire, il sort Chucky, ils vont courir sur la plage ou ils font le tour de la ville. Gabriel, impulsif de nature, n'avait jamais proposé cela avant à Demetra mais cela lui vint en tête et il se sentit obligé de la questionner : - Tu veux qu'on aille manger un bout quelque part ce soir ? lui demanda-t-il, absolument pas sûr de lui mais son assurance naturelle arrivait à cacher tout ceci. - On parle beaucoup mais en y réfléchissant, je ne sais quasiment rien de toi... C'est réellement la première fois qu'il s'intéresse sincèrement à quelqu'un depuis une éternité. - Quoique... C'est peut-être une mauvaise idée tout compte fait. Cela ne vient pas de lui mais de la tête que tire Demetra. Si elle est agréablement surprise de cette proposition, elle le cache très bien. Peut-être que c'est tout simplement sa façon à elle de réagir à l'invitation d'un homme. Mais attention, pas n'importe lequel.