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 « We have no right to ask when a sorrow comes, 'Why did this happen to me?' » PV

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Elijah Watford

Elijah Watford
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MessageSujet: « We have no right to ask when a sorrow comes, 'Why did this happen to me?' » PV   « We have no right to ask when a sorrow comes, 'Why did this happen to me?' » PV EmptyDim 14 Fév - 2:36

« We have no right to ask when a sorrow comes, 'Why did this happen to me?' unless we ask the same question for every joy that comes our way. »
feat. Adler Williams & Elijah Watford


Elijah repoussa du pied le sac de voyage sous le lit. Un long soupir émana de son corps courbatu et il resta un moment à observer le décor qui s’offrait à sa vue : un lit à l’apparence usée – qui sait combien de vagabonds s’y étaient laissés tomber après une route éreintante au milieu de ce désert qui s’étendait à perte de vue ? –, quelques petits meubles abimés – par la maladresse des précédents occupants ou par les termites, il n’en savait rien –, une fenêtre aux rideaux autrefois blancs et qui étaient à présent gris. S’il faisait un quart de tour, il tombait nez à nez avec la porte qui menait à la minuscule salle de bain dans laquelle il s’était douché, une heure plus tôt. Ce n’était certainement pas le grand luxe, mais il y avait longtemps qu’Elijah avait renoncé à cette forme de vie. Il prenait les choses comme elles venaient et s’en accommodait parfaitement. Il n’y avait qu’à voir son escale à la pompe à essence, hier encore. Le repas qui lui avait été servi était plus que douteux mais c’était le seul qu’il avait eu en vingt-quatre heures de voyage alors il avait tout englouti sans se plaindre. De toute manière, il n’avait jamais été quelqu’un de très compliqué à ce niveau-là. Il ne se plaignait que rarement et lorsque cela arrivait, il y avait souvent un certain taux d’alcool dans son sang. Dans les autres cas, il restait maitre de lui-même et gardait sa mélancolie souvent passagère pour lui-même. La solitude lui était devenue familière. Elle l’aidait à garder tout pour lui, pas besoin de feindre le bonheur, pas besoin de forcer sur le sourire lorsqu’on n’a personne pour scruter nos moindres faits et gestes, Elijah l’avait rapidement compris. Était-ce la raison pour laquelle il était parti, un beau matin, sans prévenir qui que ce soit ? Peut-être. Il n’aurait pas vraiment su expliquer cette décision aussi soudaine qu’inattendue. La veille de son départ, encore, il ignorait que ce serait les derniers instants en compagnie de sa famille, de ses amis. Mais peut-être que c’était plus simple comme ça, finalement. Les adieux, il avait donné, il n’était pas certain de pouvoir réitérer cet exploit. Chaque fois qu’il repensait à Carrie, il revoyait le teint blafard de son visage, pendant les quelques minutes qui avaient précédé son dernier souffle. Il avait tenu sa main jusqu’à la fin. Il avait senti ses larmes rouler dans son cou et il n’avait plus su si c’était celles de Carrie ou les siennes. Elles s’étaient probablement fondues pour ne former qu’un petit ruisseau, le reste de leur vie ensemble s’écoulant avec lenteur jusqu’à ce que la source s’éteigne et que seules les larmes d’Elijah persistent à couler, humidifiant ses joues rugueuses, les irritant par la même occasion. Un souvenir pénible, douloureux, qui le hantait souvent, lorsqu’il se sentait particulièrement fatigué et lorsque cette image reprenait le dessus, c’était la plupart du temps une prémisse d’une phase de dépression chez le jeune homme. Cette fois, pourtant, il n’avait pas l’impression d’être emporté par le passé. Peut-être que c’était l’air de la ville étrange dans laquelle il avait atterri. Ou peut-être que c’était dû à ce visage étrangement souriant, la cause première de son arrivée à Margaret River. Il y avait longtemps, en effet, qu’Elijah n’avait rencontré quelqu’un qui diffuse une telle énergie. Elle en avait probablement à revendre et peut-être qu’il en avait absorbé un peu, sans le savoir.
Un léger rire émana du corps d’Elijah. C’était une idée saugrenue. L’énergie ne se transmettait pas comme cela, la bonne humeur pouvait être communicative mais il ne se sentait pas spécialement de « bonne » humeur. À vrai dire, il s’étonnait plutôt de son manque de quoi que ce soit. Il était dans un état neutre, incapable de dire s’il était épuisé, fatigué, lassé, rassuré ou nostalgique. C’était comme si les mots s’étaient envolés et il serait resté muet si on lui avait demandé ce qu’il ressentait à cet instant précis. Ce devait être la fatigue qui lui donnait cet état léthargique, pourtant, il aurait été incapable de dormir à ce moment-là. Son corps refusait de baisser sa garde et il avait eu beau se doucher et se changer, rien n’y avait été fait, il était toujours aussi alerte et désespérément seul. Il décida donc d’aller s’aérer, histoire de se changer les idées. Peut-être qu’après avoir fumé une cigarette, il parviendrait enfin à se coucher, à clore les paupières et à laisser le sommeil le bercer et l’emporter où il le désirait. Tout ce qu’il voulait, c’était dormir plus de cinq heures d’affilée, était-ce trop demandé ? Attrapant son paquet de cigarettes qui était posé sur ce qui servait – Elijah le supposait – de table et il se dirigea vers la porte, l’ouvrant pour se glisser à l’extérieur, dans la fraîcheur nocturne de cette soirée de février. Il y avait quelques marches qui menaient au parking, à quelques mètres à peine et il alla s’y installer, uniquement vêtu d’un t-shirt et d’un jean usé. Fumer le réchaufferait, de toute façon, et puis, avoir trop chaud ou trop froid lui donnait la sensation d’être vivant alors il n’allait pas s’en plaindre.
Les alentours étaient silencieux, il était tard, en même temps, mais Elijah aurait pensé que l’endroit serait plus vivant, même à une heure pareille. Mais c’était peut-être mieux ainsi, finalement. Pas d’obligation de parler à des inconnus, de faire la conversation par courtoisie, pas besoin de chercher un sujet à aborder, pas de silence gêné. La paix extérieure et intérieure. Après avoir inspiré longuement, Elijah expira l’air accumulé dans ses poumons et glissa une cigarette entre ses lèvres pincées et batailla quelques secondes pour parvenir à allumer l’extrémité de la clope. Une légère lueur rougeoyante apparut et Elijah aspira profondément la fumée, la sentant avec délice s’infiltrer dans ses poumons. Il aurait probablement dû cesser de fumer, Carrie étant morte d’une sorte de cancer, cela aurait dû le dissuader mais il ne pouvait s’empêcher d’allumer régulièrement une cigarette. Sans être un fumeur invétéré, il avait tout de même besoin de sa dose quotidienne, seul moment de répit pendant lequel il semblait parvenir à oublier pourquoi il était si loin de chez lui, ce qu’il semblait fuir, ou vouloir oublier.
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Adler Williams
Melbourne Babe ♦ Is there signal in this town?
Adler Williams
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MessageSujet: Re: « We have no right to ask when a sorrow comes, 'Why did this happen to me?' » PV   « We have no right to ask when a sorrow comes, 'Why did this happen to me?' » PV EmptyDim 21 Fév - 18:59

    L'arrivée à Margaret River avait été des plus surprenantes pour la jeune fille. Elle était tellement habituée à la vie dans une grande ville que débarquer au milieu de nulpart et voir sortir de terre des habitations et une petite ville en plein désert, avait été une réelle surprise. Un mini choc même. Pourtant, Adler avait fait ses recherches avant de venir se perdre ici; en bonne étudiante et jeune fille sérieuse, elle avait tapé le nom de la ville dans google et avait rapidement regardé comment s'y rendre grâce à une carte sattellite, l'imprimant même, pour le cas où. Elle avait donc eu un aperçu de l'endroit où elle se trouvait, à savoir quelquepart entre Perth et... nulpart. Lorsqu'elle avait voulu se renseigner plus sur la ville en faisant un tour virtuel des lieux, de derrière son écran d'ordinateur; elle n'avait rien trouvé. Même si la plupart des villes du monde entier avaient des sites internets à leur nom, pour renseigner les touristes et inciter les gens à venir faire vivre leurs commerces et économie; pour Margaret River, elle avait fait chou blanc. Elle n'avait trouvé aucun site faisant référence à cette ville, à croire qu'elle n'existait pas. Et pourtant, elle était bien réelle puisque la jeune citadine y était arrivée, après maintes mésaventures. Et maintenant qu'elle était sur place, elle ne pouvait que constater et se rendre à l'évidence... Elle aurait pu essayer de chercher deux heures de plus sur internet, elle n'aurait rien trouvé; tout simplement parce qu'ici, et bien... Il n'y avait rien à faire de très folichon.
    Elle était là depuis 24h à peine, après avoir été ramassée dans le désert par ce garçon; Elijah, et déjà elle tournait en rond. Durant le trajet, les deux jeunes avaient quelque peu discuté, à peine, juste de quoi connaître l'identité l'un de l'autre et le b-a ba habituel. Elle n'avait pas insisté plus, malgré l'envie maladive qu'elle avait de questionner les gens. Lui n'étant apparemment pas vraiment du genre très bavard et elle, épuisée par la longue route qu'elle avait du faire; elle avait tout simplement baissé sa garde et s'était assoupie pendant la presque totalité du reste du trajet. Lorsqu'elle y repensait, elle se demandait si elle n'avait pas été folle de s'endormir comme ça, dans la voiture d'un inconnu, au milieu de nulpart. Elle avait été totalement à sa mercie, et il aurait pu faire d'elle tout ce qu'il aurait voulu; mais pourtant lorsqu'en approchant de la ville, il lui avait doucement secoué l'épaule pour la réveiller et la prévenir de leur arrivée; Adler n'avait pu que voir qu'il avait tenu promesse, qu'il l'avait mené là où elle lui avait demandé et que rien de glauque ou de fou ne leur était arrivé; ne lui était arrivé même. Elle l'avait remercié de sa gentillesse lorsqu'il avait enfin coupé le moteur de son bolide et c'est en une poignée de main courtoise qu'ils s'étaient séparés. Il l'avait déposé devant un motel et elle avait attrappé ses grosses valises avant d'aller se présenter à l'accueil. Elle ne l'avait plus vraiment vu après ça, bien trop hypnotisée et déboussolée par l'endroit et l'accueil peu chaleureux d'où elle avait mis les pieds.
    Et depuis, elle vacquait à ses occupations du mieux qu'elle pouvait; elle tentait de s'adapter à ce rythme de vie totalement nouveau et différent du sien; elle arpentait les rues de la ville à la recherche de babioles et autres décorations quelconque pour sa petite chambre miteuse. Elle avait besoin d'un minimum de confort et ce n'était certainement pas dans la chambre pourrie qu'on lui avait assigné qu'elle le trouvait. Les draps de son lit étaient d'un beige morne et sans saveur; son rideau était déchiré, délavé et mal accroché à sa tringle, son mobilier tombait presque en ruine et elle ne préférait même pas parler de l'état de sa petite salle de bain. Elle avait donc également profité de sa journée pour aller acheter des produits d'entretien et autres détachants et anti-bactériens qu'elle pouvait trouver; et c'est à 4 pattes qu'elle avait récurré sa salle de bain, grimaçant en frottant de toutes ses forces sur les jointures noires de sa cabine de douche. Elle avait également passé un bon coup d'aspirateur, avait été aérer ses draps de lit, tapotant le matelas pour lui redonner un aspect plus confortable. Et les heures avaient beau avancer, elle, elle astiquait et nettoyait; s'octroyant quelques pauses pour se rafraîchir et reprendre des forces. Il faisait une chaleur étouffante en ce mois de Février et elle aimait se torturer l'esprit en s'imaginant quelque part en Europe, où là-bas c'était l'hiver et où les températures étaient plus fraîches.
    Elle se laissa tomber sur son lit, épuisée et un long soupir de soulagement s'échappa de ses lèvres. Elle était vidée, complètement lessivée mais était fière d'avoir enfin réussit à donner à sa chambre un petit coup d'éclat. Soufflant deux minutes, elle se redressa et, le regard fixe et fatiguée, elle se releva et ramassa tous ses produits et sacs pour aller les bazarder dans l'énorme container poubelle qui était à l'extérieur du bâtiment. Elle émit un petit gémissement fatigué lorsqu'en un dernier effort elle jeta ses sacs dans le container. La chaleur ne l'aidait en plus pas à se sentir bien et, une fois s'être débarassée du tout, elle souffla et reprit la route vers sa chambre. Lorsqu'elle y entra, elle ne put s'empêcher de sourire, satisfaite de sa journée ménage. Elle jeta un coup d'oeil à sa montre et fut surprise de voir l'heure qu'il était. S'était elle seulement aperçue que le soleil avait commencé à s'éclipser? Visiblement pas. Histoire de se décrasser mais aussi pour se rafraîchir, la jeune femme décida de prendre une bonne douche dans sa salle de bain toute propre et lorsqu'elle en sortit, elle enfila rapidement de quoi être à l'aise et s'écroula sur son lit.
    (...)
    Lorsqu'elle rouvrit les yeux, après s'être tournée et retournée dans son lit, à la recherche d'un endroit plus frais; Adler soupira. Cette chaleur était vraiment insupportable; elle n'avait pas de climatisation dans sa chambre et le petit ventilateur à hélice qui trônait sur sa table ne servait à rien d'autre qu'à brasser de l'air déjà chaud. Elle se rassit et passa ses mains sur son visage, attrappant directement son téléphone, en un geste automatique. Aucun appel, aucun message. Aucun réseau surtout! Elle le redéposa et se releva, allant s'asperger le visage d'eau fraîche et lorsqu'elle passa devant sa fenêtre ouverte, le léger courant d'air qui en provint la fit sourire. Il semblait que le temps était plus frais au dehors aussi n'hésita t-elle pas bien longtemps à sortir. Elle ne prit même pas la peine d'enfiler des chaussures ni même de petit gilet; bien au contraire, elle voulait avoir froid, elle recherchait le froid. Lorsqu'elle sortit et se rendit compte qu'à nouveau, le numéro de sa chambre indiquait "903" elle secoua la tête et redressa le "6". Ca, elle ne s'en était pas encore occupée mais ca nécéssitait un bon coup de visseuse, et elle n'avait pas ça sous la main. Elle longea donc le couloir, appréciant ce petit vent qui s'était levé; ca n'était pas grand chose mais c'était au moins ça. Ce n'est que lorsqu'elle arriva devant le motel qu'elle aperçut la silhouette d'un homme, assise sur les petites marches qui menaient au parking. Elle l'étudia un instant et la faible lumière du lampadaire l'aida à reconnaître le visage du type qui l'avait amené jusqu'ici. Elle fut légèrement surprise de le voir là et s'approcha doucement de lui, les mains enfoncées dans les poches arrières de son short:

    - Bonsoir, dit-elle lorsqu'elle fut arrivée à sa hauteur. Elle tendit le cou et lui offrit un sourire pincé lorsqu'il tourna la tête, ne sachant pas vraiment si elle devait l'aborder ou non. Vous êtes toujours là? Je pensais que vous continueriez votre route. Je peux m'asseoir avec vous?
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Elijah Watford

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MessageSujet: Re: « We have no right to ask when a sorrow comes, 'Why did this happen to me?' » PV   « We have no right to ask when a sorrow comes, 'Why did this happen to me?' » PV EmptyMar 23 Mar - 1:08

La quiétude de la soirée lui faisait un bien fou. Il lui était parfois arrivé de préférer dormir durant la journée pour s’évader la nuit. Perth était tout à fait différente lorsque la lumière changeait. La solitude de ses marches nocturnes n’avait jamais été un poids. C’était plutôt le contraire, même. Il se sentait presque libre, comme si tous les maux qui pesaient sur sa conscience s’envolaient subitement, rejoignant d’autres cieux. Il n’y avait que Carrie qui n’aurait pas dû s’y trouver, mais il s’était fait à l’idée qu’elle soit partie pour de bon. La douleur était toujours là, lancinante, l’éreintant, lui donnant l’impression que ses côtes se rétractaient. Le chagrin était vraiment un concept qu’il peinait à maitriser. Il avait entendu tant de versions différentes. Tous voulaient l’aider, l’assommaient de conseils pour faire son deuil mais aucun ne lui convenait. Ils ne pouvaient pas savoir ce que c’était, ils n’avaient pas partagé cet amour fusionnel avec Carrie. Ils avaient connu la jeune fille pleine de courage et d’espoir, celle qui arborait un masque de sérénité en toute circonstance. Ils n’avaient pas été là lorsqu’elle pleurait tout son soûl dans son cou, lorsqu’elle sanglotait en disant qu’elle avait peur de mourir, qu’elle ne voulait pas partir, qu’elle ne pouvait pas l’imaginer en aimer une autre. Elle n’était pas tout le temps comme ça, évidemment, au matin, dès son réveil, elle s’excusait pour son comportement, elle espérait évidemment qu’il continuerait à vivre la vie comme il le méritait. Mais au fond, il savait qu’elle avait du mal à admettre qu’elle abandonnerait la vie pour la mort tandis que lui allait continuer sur sa propre voie. Ce souvenir lui donna un frisson alors que l’air n’était pas vraiment frais, du moins, pas encore. Il sentit sa vue se brouiller et enraya instinctivement ce début de larmes. Il se frotta les yeux comme s’il était ensommeillé et croisa les bras sur ses genoux, posant le front sur ses avant-bras.
Que faisait-il là, franchement ? Il n’appartenait pas à ces lieux. Il n’était pas au beau milieu d’une métropole où un habitant de plus ou de moins, au final, ça ne changeait pas grand-chose. Margaret River était minuscule comparé à ce qu’il avait connu, le moindre changement attirait immédiatement le regard. Il était présent physiquement mais il était encore loin de réaliser qu’il n’était pas entré dans n’importe quelle ville. S’il avait su le quart de ce dont elle regorgeait, il aurait été sincèrement surpris. S’il avait su le quart de ce que pensaient les gens vis-à-vis des étrangers, il serait peut-être déjà reparti. Loin d’être ennuyé par ce que les gens pouvaient bien penser de lui, il n’aimait pas non plus être pris pour un trouble-fête parce qu’il ne l’était pas. Il n’était pas venu pour se trouver un nouveau foyer, il en avait déjà un et des gens aimants l’y attendaient patiemment, toujours prêts à l’accueillir à bras ouverts. Il ne cherchait pas à fuir son passé non plus, puisqu’il pesait sur ses épaules constamment. Il avait ce sentiment de n’appartenir à aucune contrée. Il habitait dans le cœur de Carrie, il se nichait encore dans ses bras, parfois, au cours de ses rêves. Elle était sa maison. Elle représentait le futur, à une époque et même s’il avait dû se faire à l’idée qu’il ne l’aurait pas pour toujours, sa disparition n’avait jamais été concevable. Alors voilà où il en était, incapable de faire son deuil. Incapable de tourner la page. Il avait tenté plusieurs voies mais toutes s’étaient révélées être des impasses. On ne se débarrassait pas aussi facilement d’un amour de jeunesse, surtout lorsqu’il s’agissait de son âme sœur. Il devrait s’y être fait, à la longue, mais il ne se voyait pas poursuivre sur ce chemin, être l’esclave de sa mémoire et de l’alcool lorsque la réalité se faisait trop lourde à supporter. Il ne voulait pas devenir l’un de ces alcooliques chroniques, mal rasés, puants, incapables de tenir debout. Ce n’était vraiment pas pour lui. Que lui avait-il pris de louer une chambre ? Ce n’était pas parce qu’il avait déposé la jeune inconnue qu’il devait obligatoirement en faire de même. Mais il était fatigué du voyage, c’était la raison première pour laquelle il était allé demander à réserver une chambre miteuse. Il s’était dit qu’il repartirait sur les routes dès le lendemain. Destination inconnue mais peu importe, il n’avait plus eu de réel but depuis qu’il avait quitté Perth. Un fantôme errant, voilà à quoi il se comparait. C’était assez lamentable et il savait que plus le temps passait, plus il lui serait difficile de retourner à la vie active mais en attendant, il ne savait faire autrement. Certains diraient qu’il s’apitoyait sur son sort. Lui, il disait que non. Il ne se plaignait pas lui-même, Carrie lui manquait cruellement, c’était tout et s’ils ne pouvaient comprendre cela, eh bien, il n’allait pas attendre que ça leur paraisse concevable, il serait déjà loin lorsqu’ils comprendraient que sa douleur n’était pas feinte, que ce n’était pas un moyen comme un autre de s’imbiber d’alcool et de jouer les nomades, en loup solitaire.
En bon citadin, toutefois, il s’interrogeait sur ce que pouvaient bien faire les habitants de cette contrée perdue au milieu de nulle part. A cette heure-ci, dans son quartier, il y avait des jeunes assis sur des bancs en bois, buvant des bières par pack entiers et fumant des choses probablement illicites. Elijah les entendait parfois parler jusque tard dans la nuit et au petit matin, il ne restait que des débris de bouteilles et des déchets – paquets de cigarettes ou autres – comme uniques preuves de leur passage. Il n’avait jamais fait partie de ce genre-là même si au vu de son enfance espiègle, il aurait pu y être destiné. Carrie avait changé la donne et il ne s’en plaignait pas un seul instant. Il avait l’impression de revoir ces films où les jeunes s’ennuyaient tellement qu’ils ne pouvaient que tomber dans la délinquance, accumuler les conneries et finir par tuer quelqu’un par accident. Pourtant, la ville semblait tout à fait normale, aucun voyou à l’horizon.
Lorsque la jeune femme s’approcha en silence de lui, Elijah cessa un instant de respirer, comme si l’immobilisation totale le rendrait invisible, puis il se remit à respirer normalement et tourna la tête vers la nouvelle venue. Il n’eut aucun mal à reconnaitre les traits agréables de la jeune femme qui était à l’origine de son arrivée à Margaret River.

« Bonsoir » répondit-il sur un ton poli, lui décochant un semblant de sourire, la fatigue marquant un peu trop ses traits. « Il semblerait, oui. Je n’ai pas encore pu me décider à partir, étrangement. Bien sûr, vas-y. Et au fait, pas de ça entre nous, hein ? Elijah fera amplement l’affaire. Je ne suis pas si vieux que ça. »

Il lui tendit la main, comme pour se présenter en bonne et due forme. Ils avaient pourtant passé un moment ensemble mais la jeune femme semblait tellement épuisée qu’elle avait plus dormi qu’autre chose, ne leur laissant pas vraiment l’opportunité d’approfondir la conversation.

« Au fait, qu’y a-t-il de si intéressant pour une jeune femme comme toi, ici ? »

Il se posait sincèrement la question. Il ne l’aurait pas imaginée dans un environnement comme celui-là, il ne la connaissait pour ainsi dire pas donc il n’avait aucune raison de savoir où elle serait le mieux mais Margaret River était bien le dernier endroit où il aurait imaginé une jeune femme de son âge.
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MessageSujet: Re: « We have no right to ask when a sorrow comes, 'Why did this happen to me?' » PV   « We have no right to ask when a sorrow comes, 'Why did this happen to me?' » PV Empty

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