Elle avait été tellement choquée par la scène à laquelle elle avait assisté, que la blonde ne s'était même pas rendue compte de la férocité de son action et lorsqu'elle ota enfin la culotte blanche des mains du jeune homme en un geste brusque et sec, un petit cri surpris et halluciné s'échappa de ses lèvres. Lui avait attérit sur les fesses, déséquilibré par le mouvement soudain qu'elle avait du effectuer pour s'emparer de son sous-vêtement; mais ca lui était égal qu'il soit à terre; il se releva de toute façon bien vite et lorsqu'il s'approcha d'elle; l'expression d'Adler n'avait pas changé; elle tenait la culotte de ses deux mains et l'avait relevé à hauteur de ses yeux pour voir l'état lamentable dans lequel elle était; parce qu'il fallait le dire, elle était littéralement lacérée; la dentelle avait craqué et les élastiques étaient foutus. Elle aperçut la silhouette du type s'approcher et baissa les bras alors qu'il posait les poings sur ses hanches comme un père mécontent l'aurait fait devant la bêtise de son enfant. La bouche à demie-ouverte, la jeune fille l'écouta sans piper mot, un sourcil arqué, surprise qu'il ose prendre la parole après ce qu'il s'était passé. Quel étrange personnage il était. « Hep hep, ce sous-vêtement est mien … Enfin, à ma copine. Soyez pas stupide, rendez-le moi. Il est foutu de toute façon, immettable. Quoique, je dirais pas non si elle essayait de le porter quand même … ». Il avait beau faire une bonne tête de plus qu'elle, Adler ne se laissa pas pour autant démonter devant sa remarque. Elle aurait certainement esquissé un rire amusé devant ses paroles si la situation avait été autre ou si le sous-vêtement avait réelllement été à quelqu'un d'autre mais aucun sourire ni même rictus ne vint éclairer son visage, bien au contraire, elle regarda le jeune homme d'un regard franc et décidé. A cet instant précis, elle n'avait vraiment pas envie de rire, elle était sidérée qu'un type soit venu fouiner dans sa machine à laver et dans ses sous-vêtements. Elle s'était bien rendue compte que Margaret River ne respirait pas la sécurité dès son arrivée en ville, et ce motel encore moins à vrai dire; il était peuplé de gens plus étranges les uns que les autres, aux looks un peu dépassés et n'aspirant guère confiance. Aussi avait-elle déjà eu le temps de s'imaginer tout un tas de scénarios loufoques auxquels elle devrait faire face, mais de là à ce qu'un fétichiste vienne déchirer ses sous-vêtements, elle était loin du compte. "A votre copine? Vous vous moquez de moi j'espère! Cette culotte est à moi... était plutôt" rectifia t-elle en levant les yeux au ciel. "Non mais regardez l'état dans lequel vous l'avez mise!" s'exclama t-elle en dépliant le bout de tissu sous son nez. "Normal qu'elle soit immettable". Elle finit par lui rendre le sous-vêtement en le plaquant avec force contre le torse du jeune homme lui disant que s'il la voulait tant il pouvait la garder, accentuant ainsi sa remarque. Elle put facilement lire la stupeur imprégner les yeux clairs du jeune homme alors qu'elle le défiait du regard; heureusement pour elle, il n'avait pas l'air d'être un psychopathe après mûre réflexion. Bien qu'à première vue, il avait tout l'air du type bizarre, elle voyait bien dans ses réactions qu'il n'était pas dangereux. C'est d'ailleurs certainement pour cette raison qu'elle ne s'était pas enfuie en courant ou qu'elle réussissait à lui tenir tête. Mis à part son comportement étrange; la jeune fille n'en n'avait pas peur et le fait qu'il ai une copine la rassurait dans un sens. Aucune cloche de détresse ne s'était mise à sonner avec frénésie dans son cerveau, aucuns signaux de survie ne s'étaient non plus déclenchés. S'il avait voulu lui faire du mal, il l'aurait certainement déjà fait et n'aurait pas pris la peine de lui adresser la parole, or il l'avait fait. Le coeur battant au rythme de l'adrénaline qui parcourait son corps, la jeune fille ne bougea pas de sa place; devant le hublot de sa machine à laver; du coin de l'oeil elle vérifia tout de même que la porte de la laverie soit restée ouverte, desfois qu'elle ai besoin de se ruer soudainement dessus pour en sortir. Depuis qu'elle était arrivée à Margaret River, Adler était quelque peu sur la défensive; mais il fallait dire que les environs étaient réellement craignos et qu'elle se sentait totalement perdue, loin de toute civilisation. Alors qu'à Melbourne, il lui suffisait de passer un coup de fil lorsqu'elle avait un problème; ici l'absence de réseau ou la très faible émission d'onde la rendait plus que méfiante. Comment était-elle censée appeller à l'aide si quelque chose arrivait? Hurler suffirait-il réellement? Elle en doutait.
Les deux jeunes se fixèrent avec aplomb durant de longues minutes, se testant certainement l'un l'autre, testant les limites et appréhendant les réactions de l'autre; mais autant Adler que le jeune homme ne semblait prêt à baisser les bras le premier. "Vous savez que je vais devoir aller en parler au proprio du motel. Ca n'est pas contre vous mais ca n'est pas rassurant de savoir qu'il y a un type comme vous dans les parages." finit-elle par dire. Elle espérait qu'il comprenne qu'elle ne faisait ça que parce qu'elle était une fille et qu'elle se sentait mal à l'aise, en danger, à l'idée de traîner dans un endroit comme ça avec des gens comme lui, et non qu'elle faisait ça contre lui vraiment. Il aurait pu s'agir de n'importe qui d'autre, elle aurait dit la même chose. En fait, il aurait s'agit d'un type plus louche que celui-ci, elle serait certainement déjà à l'accueil en ce moment pour le reporter à la figure d'autorité du bâtiment. Mais si elle laissait cet énergumène seul avec le reste de ses sous-vêtements, elle n'était pas sûre de les retrouver en bon état, qui sait ce qu'un type frustré pouvait faire comme dégâts!

Quel étrange personnage elle avait en face d'elle, réellement! Il avait été pris dans le feu de l'action et visiblement aucune honte ou gêne ne venaient se peindre sur son visage carré. N'importe qui de censé se serait au moins excusé d'avoir été fouiner dans une machine à laver qui n'était pas la sienne. Mais lui, non, il se tenait droit, fier comme un coq devant la jeune fille. Il avait effectivement beaucoup d'allure et la posture qu'il arborait aurait pu destabiliser Adler si elle n'était pas à cet instant extrêmement remontée par ce qu'il venait de se passer. Le regard vert du jeune homme resta braqué dans le sien et elle comprit vite qu'il n'était pas sur le point de se laisser marcher sur les pieds, ni même qu'il n'avait dans l'intention de s'expliquer. Bien sûr, pour lui ce devait être normal d'aller fouiner à droite à gauche! Vraiment, ces Margaretois avaient des moeurs plus que dérangeantes. Adler avait bien vite compris qu'ils n'étaient pas fan des nouveaux arrivants, qu'ils préféraient rester entre eux et préserver leur ville; et dans un sens elle pouvait les comprendre; mais de là à aller manigancer des situations grotesques pour leur faire comprendre qu'ils pouvaient déguerpir et qu'ils n'étaient pas bienvenus, là c'était vraiment ridicule. Aussi, quitte à passer pour une petite raporteuse de bas étage, elle menaça le jeune homme d'aller tout répéter au propriétaire. Peut-être que lui serait plus indulgent avec ses clients et calmerait les choses. Peut-être. Pas sûr. Le jeune homme ne broncha pas, pire, il haussa juste un sourcil, pas le moins du monde concerné par ce qu'elle venait de dire. Elle avait envie de le secouer, voire même de lui lancer ses sous-vêtements au visage pour qu'enfin il daigne réagir. C'était tout de même incroyable ce flegme dont il pouvait faire preuve; il était calme, imperturbable, impassible.
La jeune fille haussa à son tour les sourcils, comme pour l'inciter à réagir, en un dernier espoir de calme et pacifisme. Elle ne savait pas combien de temps elle allait pouvoir rester ainsi figée, à regarder le jeune homme dans le blanc des yeux, attendant patiemment que... que quoi au juste? Que l'heure tourne? Qu'ils prennent racine? Parce que s'il s'avérait que le jeune homme était aussi têtu qu'elle pouvait l'être, ils resteraient ainsi debouts à se dévisager pendant encore un long moment. Fort heureusement pour elle, il décroisa enfin ses bras de son torse et souffla un "bien" lassé. Les fins sourcils de la jeune fille se détendirent, ainsi que l'ensemble de ses traits; ah, il n'était visiblement pas que buté; il avait aussi du bon sens, c'était déjà ça. Elle le regarda s'accroupir devant la porte ouverte de la machine et s'apprêta à lancer une nouvelle remarque outrée, mais il l'arrêta d'un geste de la main, la stoppant net dans son élan. Elle secoua la tête, éberluée, qu'est-ce qu'il essayait de faire au juste? N'en n'avait-il pas eu assez? Elle le regarda fouiner dans le tambour de la machine et croisa les bras sous sa poitrine, attendant patiemment qu'il sorte ce qu'il était visiblement en train de chercher. Il sortit deux t-shirts que la jeune fille avait enfournés en même temps que sa panoplie de sous-vêtements et elle vit clairement que son expression, qui un peu plus tôt était fermée et presque hautaine, se transformait petit à petit en réelle surprise. Il déposa les affaires sur ses genoux alors qu'Adler secouait la tête, consternée. Elle le regarda sortir fébrilement le reste de ses affaires du trou de la machine et lui offrit un petit sourire pincé qui voulait plutôt dire "qu'est-ce que je vous avais dit" qu'autre chose lorsqu'il leva les yeux vers elle. Son regard était soudainement bien moins sûr qu'il y a quelque minute et enfin, Adler se dit qu'il avait peut-être reconnu son erreur. « Il y a peut-être eu erreur, en effet … Je me suis trompé de machine, je le reconnais. » lui avoua t-il en se relevant après avoir refourgué toutes les affaires dans la machine. Elle hocha enfin la tête, pas mécontente qu'il reconnaisse finalement avoir eu tort. Il lui assura aussi qu'il n'y était pour rien en ce qui concernait l'état de sa culotte et Adler ne put que constater la sincérité qui faisait briller ses yeux verts. Elle le jaugea un instant en silence, repassant en boucle la scène dans sa tête. Ok, peut-être n'avait-elle pas réagit exactement de la meilleure des façons, elle non plus. Elle était partie au quart de tour lorsqu'elle l'avait vu agenouillé devant sa machine, et elle l'avait accusé en premier lieu parce qu'il se trouvait être le coupable idéal, une proie facile prise au piège. Et aussi parce que depuis qu'elle était arrivée, un tas de choses improbables lui étaient déjà arrivées et qu'elle avait du tout retenir pour elle, n'ayant personne sur qui rejeter vraiment la faute. Elle se pinça les lèvres, soudainement envahie par un genre de malaise, elle n'était plus tout à fait convaincue d'avoir eu 100% raison, puis un petit soupir s'échappa finalement de ses lèvres alors qu'elle attrappait à nouveau les restes de la culotte qui avait tout fait partir de travers. Finalement ca n'était peut-être pas elle la victime dans cette situation... Adler était une jeune fille pleine d'énergie et qui ne mâchait pas ses mots. Ca lui avait fait défaut à de nombreuses reprises, mais les gens ne lui en tenait généralement pas rigueur puisqu'elle pouvait très rapidement passer à autre chose. Elle aboyait vite et pour pas grand chose, certes... Mais elle n'avait pas de mauvaises intentions à la base. Elle n'était pas du genre rancunière non plus et dans ce cas-ci, elle ne pourrait pas en vouloir éternellement au jeune homme pour une crime qu'il n'avait visiblement pas commit. Il est vrai qu'elle ne le connaissait pas et qu'il aurait tout simplement pu être le plus grand menteur de la ville; mais elle n'avait aucune preuve réelle qu'il avait effectivement saccagé son sous-vêtement. Que pouvait-elle donc faire maintenant? Elle ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire amusé lorsqu'il lui proposa d'aller effectivement voir le propriétaire pour reparler de l'état des machines. Elle releva les yeux vers lui et ne put s'empêcher de répondre au petit sourire qu'il lui offrait. "J'aurais du m'en douter. Vu l'état des chambres, je ne sais pas vraiment à quoi je m'attendais de la part des machines..." répondit-elle en posant la paume de sa main sur le gros appareil électroménager. "Je suis désolée de vous avoir bousculé et de vous avoir accusé à tort c'est juste que ... c'est cette ville." dit-elle en haussant les épaules et en regardant à travers la petite fenêtre de la laverie. Tout était calme au dehors, mis à part les moteurs vrombissants des grosses motos des clients du motel. L'air et l'ambiance de cette ville étaient tellement étranges, différents de ce qu'elle avait pu vivre à Melbourne qu'elle ne savait plus vraiment sur quel pied danser depuis qu'elle était arrivée. "Je viens à peine d'arriver et, comment dire... C'est très différent de ce que j'imaginais..." conclut-elle en reportant son attention sur le jeune homme. A nouveau elle se pinça les lèvres et lui tendit la main, en guise de présentations "J'espère que vous accepterez mes excuses... j'm'appelle Adler."