Margaret River, une petite ville où il fait bon vivre d’après les dires de Vitanie Raines, mais des habitants à prendre avec des pincettes si les intentions qu’on peut avoir sont mauvaises. Samara pouvait bien se heurter à des regards peu amicaux, c’était déjà bien mieux que Los Angeles. La Texane s’était faite rapidement à l’idée qu’aux yeux de certains margaretois, sa présence n’était pas bien vue. L’indifférence était le meilleur moyen de profiter pleinement de son séjour, même si s’amuser de quelques paysans en colère ne la dérangeait pas non plus. Après tout, elle n’était pas là pour les piller, elle tenait juste un peu à voir si elle avait de la chance ou non. C’était déjà surprenant qu’eux-mêmes ne se soient pas jetés sur les mines comme des sauvages pour quitter ce trou paumé… Mais elle les comprenait aussi, dans le fond. Seulement, en règle générale, elle n’accordait qu’une brève attention à ces gens sans pour autant se montrer désagréable avec eux, sauf s’ils commençaient la bataille. Pour l’instant, elle était bien décidée à se lancer dans la chasse à l’Or, le goût de l’aventure dictait la plupart de ses faits et gestes, ce qui lui avait valut bien souvent des problèmes, mais elle était ainsi. Rien ni personne ne pourrait changer cela chez Samara.

Levée à l’aube, elle s’était empressée de se préparer et de prendre son petit déjeuner au motel de la ville. Vivre dans cet endroit quelque peu délaissé n’était pas un problème, elle avait vécu plusieurs années dans une de ses vieilles chambres durant son séjour en Californie. On ne pouvait pas dire qu’elle n’était pas habituée… Elle s’efforça d’éviter le plus possible les autres « Gold Diggers » comme on les nommait. Ce n’était pas tant qu’elle se sentait mal à l’aise en leur compagnie, il lui en fallait bien plus pour la déstabiliser mais elle n’aimait pas qu’on la mette dans le même sac qu’eux. La plupart sont des vagabonds, des personnes qui sont habitués à la vie en groupe ou en solitaire, ils n’ont aucune attache, aucune retenue, ils vivent selon leurs envies et parfois, ils oublient qu’ils peuvent discuter sans se sentir obligé d’utiliser la force. Samara était une personne indépendante, libre comme l’air, pas même sa famille ou Adhams ne pouvait l’enchainer à un seul endroit. Le refus d’une demande en mariage le prouvait bien. Elle avait donc quitté les lieux sur sa moto pour rejoindre les alentours de la ville. Elle avait plus ou moins commencé à visiter les lieux mais il y’avait tellement de choses à voir qu’en quelques jours c’était impossible de tout connaître. Elle avait déjà mis les pieds à la rivière qui n’était pas très loin des mines abandonnées et elle y retournait. Le soleil venait à peine de se lever, les couleurs orangés étaient magnifiques, le paysage était un réel cadeau pour les yeux, il n’y avait pas de doute là-dessus. C’est donc seule qu’elle se rendit là où elle espérait – sans être trop naïve – trouver son bonheur. Elle gara sa moto sur une petite route puis continua la route à pied, un sac sur le dos. Elle descendit prudemment quelques rochers et arriva enfin à la rivière. Elle posa alors son sac et rebroussa son jean jusqu’en dessous des genoux. Elle attacha ses longs cheveux blonds en une queue de cheval désordonnée, s’accapara des accessoires dont elle avait besoin pour trouver « l’Or » et s’avança vers l’eau. Une grimace déforma son visage en sentant l’eau contre son pied, elle était loin d’être d’une température agréable mais son corps s’y habituerait rapidement. Elle se lança alors, consciente qu’elle allait devoir y passer du temps mais la curiosité et l’excitation qu’elle ressentait dans ses veines lui donnait du courage et de la patience.

Une heure environ, voire plus, s’écoula quand Samara se releva, essoufflée. Elle posa une main sur son dos qui lui faisait légèrement mal et passa l’autre sur son front humide. Il faisait une de ces chaleurs étouffantes. Elle quitta donc la rivière pour se rafraichir un peu, elle atteint son sac et en sortit une petite bouteille d’eau. Quelques gorgées suffirent pour la remotiver. Refermant son sac, son visage se tourna soudainement vers les buissons qui se trouvaient derrière elle. Elle pensait avoir entendu du bruit mais elle son imagination devait lui jouer des tours. Elle reprit la marche vers l’eau mais s’arrêta de nouveau, elle se sentait observée. Elle fronça les sourcils sans pour autant regarder autour d’elle. Cette sensation n’avait rien d’agréable, surtout pour elle. Son visage pivota très doucement sur le côté, d’un coup d’œil, elle regarda derrière son épaule mais il n’y avait absolument rien. Elle reprit donc son activité avant d’y mettre un terme une fois de plus, une poignée de minutes après. Elle soupira, faisant mine d’être fatiguée et s’étira les membres. Elle atteignit la terre ferme et remit ses chaussures. Elle s’apprêtait donc à quitter les lieux et reprit la marche en direction de sa moto. Elle écarta sur son chemin les quelques branches épineuses et fougères qui égratignaient ses jambes encore à l’air. C’est au dernier moment qu’elle décida de changer de chemin et de quitter le sentier jusqu'à disparaitre totalement. Une main sur ses hanches, elle sortit son canif offert par son père. Dans un mouvement sûr et précis, elle sortit soudainement de derrière quelques buissons, des pas l'ayant interpelé. Elle posa une main contre le torse de l’inconnu, l’obligeant à reculer contre un arbre. Son canif n’était qu’à quelques centimètres de son cou, prêt à être utilisé. « Pourquoi me suis-tu ?! Qui es-tu ?! PARLE ! » S’il y’avait bien une chose qu’il ne fallait pas faire avec Samara, c’était jouer les espions. Elle était bien meilleure à ce petit jeu.